Cet ouvrage propose une interprétation non classique de la tradition
scientifique arabe dont le statut a toujours posé un problème aux historiens des sciences. Tout ouvrage qui se veut être véritablement historique ne peut en effet se permettre de l'ignorer et pourtant les pages qui lui sont consacrées sont presque négligeables par rapport à la tradition qui la précède comme à celle qui lui succède. Et la conclusion à laquelle ils aboutissent c'est que son mérite est de préserver et de transmettre l'héritage grec aux européens, sans jamais se demander ce que signifie préserver ni transmettre. Ce traitement
expéditif fait de la tradition arabe un accident de l'histoire, au mieux une annexe de la tradition grecque évacuant ainsi l'une des questions fondamentales dont s'occupe l'historien, à savoir son timing : pourquoi faudrait-il attendre jusqu'au IXe siècle pour voir la science et la rationalité rayonner dans le monde ? Et il faudrait attendre la découverte des résultats révolutionnaires
en astronomie, à partir de la deuxième moitié du XXe siècle, pour remettre profondément en cause cette attitude généralement adoptée à l'égard de la tradition arabe. Le résultat des recherches de ces dernières années contraste avec ce que nous ont toujours dit les historiens modernes : la tradition arabe s'est constituée en rupture avec la tradition grecque ; ce qui explique l'élan qu'a pris la science et sa rapide diffusion de l'orient à l'occident, une globalisation sans précédent du savoir qui a fait de l'arabe la première langue internationale dans l'histoire et assuré son développement presque ininterrompu depuis le IXe siècle. Le lecteur trouvera dans cet ouvrage quelques travaux qui ont permis de conduire à ce résultat, une interprétation non classique e la tradition scientifi que arabe qui remet en cause la périodisation classique en histoire des sciences. Signalons qu'on est encore à cheval entre les deux interprétations, classique et non classique, ce qui explique la variété des
études et la diversité des analyses de leurs auteurs.